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Le langage des fleurs — Chapitre 1

En attendant la sortie de mon second roman, ‘Le langage des fleurs‘, en juin, je vous propose d’en découvrir le premier chapitre afin de vous faire une idée de ce qui vous attend.

Comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une romance contemporaine que j’ai voulu simple et rafraîchissante, et j’espère que ce sera pour vous une agréable lecture estivale !

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L’été pointe à peine le bout de son nez et nous sommes loin d’avoir foule dans nos commerces. Lacanau est l’endroit rêvé pour passer des vacances chaudes et endiablées, un point de rendez-vous pour les jeunes de la région mais aussi pour les familles qui veulent profiter du soleil du Sud-Ouest. Mais les lieux ne sont pas plaisants qu’en été, ils le sont toute l’année. J’aime le silence qui règne sur les nuits d’hiver, seulement brisé par le bruit des vagues qui explosent sur les rochers. J’aime me promener sur la plage quand il fait assez beau pour apprécier une balade mais trop frais pour profiter de l’eau. Et par-dessus tout, j’aime regarder l’horizon depuis la route qui longe la plage, et ce, n’importe quand dans l’année.
Depuis ma boutique, j’aperçois la puissance de l’océan Atlantique sans même avoir à quitter le pas de ma porte et j’adore cette image. Il n’est pas encore huit heures, les rues sont calmes car rares sont les touristes ayant déjà pris possession du camping ou des locations disponibles, j’ai donc amplement le temps d’apprécier mon thé et de sourire à l’horizon s’étalant devant mes yeux.
J’ai repris le commerce de mon père il y a cinq ans – à sa mort – et c’est assez rentable. Même s’il n’est pas dans la rue commerçante à proprement parler, il se trouve en plein centre, là où tous les touristes se promènent entre deux baignades ou bains de soleil. La plupart des boutiques avoisinantes sont dans le domaine de la restauration et je suis donc un des premiers magasins de vêtements visibles lorsqu’on remonte les escaliers venant de la plage. Je continue à présenter les modèles créés par mon père quelques années plus tôt, tout en réalisant de nouvelles choses régulièrement. Avec l’aide de Stecy, l’employée saisonnière qui me seconde chaque été depuis trois ans, j’ai agrandi la collection. Nous veillons à proposer des produits à la mode mais réalisés avec précision comme on me l’a enseigné. Mon père était très habile de ses doigts et s’il avait toujours besoin de moi pour la comptabilité, personne ne l’égalait dans le domaine de la couture. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour lui et je porte moi-même fièrement ses créations. Je considère que l’élève que j’étais n’a certainement pas atteint le maître mais je travaille avec acharnement pour le rendre fier de sa fille, où qu’il soit.

Plongée dans mes pensées, je ne constate l’arrivée de mon amie et employée que lorsqu’elle me serre dans ses bras, manquant de renverser ma tasse. Ses bras se referment autour de moi et je l’étreins à mon tour avec beaucoup d’émotion. J’adore cette jeune femme au physique atypique mais si attractif. Elle fait toujours preuve de beaucoup de tendresse à mon égard et je me nourris de ses gestes affectueux.
— Je suis tellement heureuse de te revoir, Stecy !
— Et moi donc ! Presque dix mois loin de toi c’est aussi presque dix mois à supporter l’air obstrué de Paris et crois-moi, c’est loin d’être plaisant.
— Je sais, j’y ai vécu, ris-je.
Elle se détache de moi en souriant et sa tête cendrée laisse place à ses magnifiques yeux couleur océan. Je pourrais m’y noyer. Je lui envie ce beau visage ainsi que son teint hâlé et je ne doute pas que cette année encore une large partie de notre clientèle sera masculine. Mais tous ignorent que Stecy ne se laisse pas approcher, par aucun homme.

J’invite mon amie à entrer et à se mettre à l’aise. Il y a très peu de clients en juin et je sais que nous passerons les premières journées tranquilles. La soirée sera animée par le feu d’artifice et beaucoup viendront jusqu’ici pour la fête de la musique, mais l’été ne vibrera réellement qu’à la mi-juillet. À ce moment-là, les campings seront pleins et on y entendra les cris joyeux des enfants qui profitent des vacances. Les surfeurs domineront l’océan et les touristes brûleront sur la plage. La plupart des familles passeront devant ma boutique, une glace à la main, et nombreuses langues pourront être entendues tout au long de l’été.
— Comment ça se passe à la capitale ? En dehors de la pollution, bien sûr !
Nous nous mettons à rire et nous installons sur les tabourets présents derrière le comptoir en bois que nous avons bâti, elle et moi, l’an passé.
— Plutôt bien, je me plains mais Paris est quand même une ville bourrée d’avantages. Mais franchement, je donnerais cher pour vivre ici.
— En dehors de l’été, Lacanau est une commune plutôt morte, surtout Lacanau-Océan d’ailleurs. Tu es jeune, Paris est sûrement plus adaptée à ton style de vie.
— Tu dis ça comme si tu avais vingt ans de plus que moi, je te signale que tu n’as que vingt-sept ans. Si mes calculs sont bons, ça fait seulement deux années de différence !
— Trois, tu n’as pas encore vingt-cinq ans, jeunette !
— Écoutez la vieille…
Stecy est une jeune femme plutôt simple, c’est toujours un plaisir de discuter avec elle. J’aime sa fraîcheur mais aussi son grand cœur et son humour. C’est une véritable bouffée d’air frais, une brise rafraîchissante en prévision d’un été brûlant.
— Cette année je ne suis pas venue seule.
Je l’interroge du regard, curieuse d’en savoir plus.
— Mon frère a fait le chemin avec moi, du coup on partage une location. Il a trouvé un poste de maître-nageur sauveteur. Franchement, je m’inquiète pour les touristes.
— Rassure-moi, il sait nager ? dis-je en riant.
Elle fait de même.
— Oui, mais il n’est pas franchement attentif. J’espère qu’il réalisera que quelqu’un se noie devant lui si ça arrive… De toute façon, je ne comprends pas pourquoi il n’a pas postulé pour être prof de surf, il en fait très bien et il adore ça ! Mais non, il préfère s’asseoir sur une chaise et ne rien faire de l’été. C’est tout lui, ça.
Je lui lance un regard très parlant en nous désignant toutes les deux, assises sur des tabourets, à ne rien faire, ce qui lui fait hausser les épaules et lui décroche un sourire.
— À propos de surf, le vieux monsieur toujours fâché a revendu l’école de surf, repris-je.
— Non ?! On ne va plus avoir à le supporter, alors ?
— Nope. C’est mon cousin qui a racheté, il faudra que je te le présente, un de ces jours.

Nous continuons à discuter de tout et de rien quelques minutes puis nous commençons à installer la boutique qui ouvre à neuf heures trente. Lorsque tout est mis en place, nous nous penchons sur d’éventuels nouveaux modèles à proposer mais sommes interrompues par le facteur.
— Vous êtes bien matinal !
— Rose, je vous ai vue siroter votre thé alors que le jour était à peine levé, qui croyez-vous berner ?
J’offre un sourire à l’homme mature qui livre le courrier à Lacanau depuis plusieurs années, peut-être même avant que je ne vois le jour. Il me tend une enveloppe marquée d’une écriture que je reconnais immédiatement et que je mets à la poubelle sans perdre de temps. Stecy me questionne du regard et je n’ai qu’à prononcer « Justin Anderson » pour qu’elle sache que cet être abject continue à me harceler pour racheter ma boutique. Il s’acharne depuis que l’ancien propriétaire a préféré vendre à mon père plutôt qu’à lui. Il y voit de l’injustice mais le vieil homme était très épris de ma grand-mère et il était de toute façon ravi de nous vendre ses locaux plutôt que de les céder à ce noir personnage. Depuis, il ne cesse de m’ennuyer et ne comprend pas que c’est peine perdue. Je ne m’attarde donc pas sur ce courrier et m’empare d’un superbe magnolia blanc autour duquel un petit mot est accroché. « J’aurai toujours le plus grand des respects pour la personne que tu es. » Stecy passe sa tête au-dessus de mon bras pour lire la carte et regarder la fleur.
— Un admirateur ?
— Aucune idée, c’est peut-être Mikael.
— Il ne sait pas ce qu’est le respect, se renfrogne-t-elle.
— Stecy…
— Non, tu sais ce que je pense de lui.
Je soupire. J’ai effectivement connaissance de son opinion négative sur mon petit ami.
— Je m’estime heureuse d’avoir quelqu’un pour m’aimer.
— Tu mérites mieux, Rose.
Je mets un terme à une discussion inévitablement stérile et dépose la jolie fleur sur le comptoir avant d’inviter mon amie à se mettre au travail. La saison commence.

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