Aujourd’hui, nous sommes le 9 mai, et cela fait donc un an qu’est sorti mon roman ‘Alexa‘, le deuxième tome de ma saga Tout en nuances ! J’ai donc décidé de faire mon habituel article anniversaire pour fêter ça, avec une petite surprise, comme d’habitude ; )
‘Alexa‘ est un livre de 264 pages et de presque 50 000 mots, c’est aussi plus de soixante-dix exemplaires papiers vendus, plus de 150 téléchargements numériques, trop de pages lues sur KDP pour pouvoir être comptées, bien trop de téléchargements illégaux, 36 commentaires Amazon, 70 photos postées sur les réseaux sociaux, plein de notes sur les plateformes littéraires et 25 chroniques de lecteurs !
C’est peu de ventes peut-être, mais plein d’amour reçu, et c’est tout ce qui compte ! C’est également mon premier roman F/F et donc une nouvelle aventure pour moi et c’est un ouvrage auquel je suis très attachée pour tout ce qu’il représente ♡
Dans un mois et un jour sortira le tome 3 de la série, ‘Aaron & Ambre’, et je profite de l’anniversaire du deuxième volet pour partager avec vous le premier chapitre de l’histoire de ce militaire si singulier et de sa belle qui l’est tout autant !
— Comment ça, inapte ?
Aaron regardait le médecin avec sérieux, mais surtout, avec une pointe d’agacement. Il avait très bien compris ce que ce dernier venait de lui dire, c’était juste qu’il n’était pas d’accord avec ses propos et qu’il soit plus qualifié que lui pour déterminer ce genre de choses n’avait aucune sorte d’importance.
— Pour le moment, vous n’êtes pas autorisé à reprendre le travail, vous ne pouvez pas bouger votre bras gauche.
— C’est des conneries, je peux très bien…
Il gémit et grimaça lorsqu’il essaya de bouger ledit bras et sa colère grandit en même temps que sa douleur.
— Soyez raisonnable.
— Raisonnable ? Raisonnable pour qui ? Je ne vais pas rester à me tourner les pouces chez moi alors qu’on a besoin de moi ailleurs !
Le médecin soupira. Il était habitué au comportement d’Aaron, ce n’était pas la première fois qu’il s’occupait de lui à l’hôpital, et des militaires comme lui, il en voyait de toute façon très souvent. Trop souvent, même.
— Qu’est-ce que vous voulez faire sur le terrain avec un bras en moins ?
— Je suis droitier.
— Cela ne change rien au problème. Vous devez garder ce plâtre un mois et vous soigner. À ce jour, vous ne pouvez pas reprendre du service. On se reverra dans quelques semaines et si tout va bien, on vous posera un autre plâtre qui prendra uniquement l’avant-bras, le poignet et la main. Vous le garderez quatorze jours supplémentaires, et ensuite seulement, on verra si vous êtes apte à reprendre le travail.
— Je ne vais pas rester alité six semaines !
— Je n’ai pas dit que vous deviez garder le lit, soupira-t-il, j’ai dit que vous ne retournerez pas sur le terrain, ce n’est pas pareil.
— C’est exactement pareil. Qu’est-ce que vous voulez que je foute pendant six semaines ?!
— Vous pourriez vous reposer, pour une fois ?
Le regard moralisateur du médecin rendit Aaron plus fou encore. Il avait à peine repris ses esprits que déjà, il avait l’impression de perdre la tête. Six semaines, six semaines à ne rien faire, c’était impossible. Il allait devenir dingue.
Et tout ça, il le devait à une mauvaise chute. Il n’avait pas pris une balle, rien de si héroïque, une bombe avait juste explosé non loin et il s’était retrouvé propulsé contre le mur d’une vieille baraque. Ses fractures, il les devait à une bête malchance et c’était sûrement le pire dans tout ça. Il aurait dû être heureux, lui n’avait pas perdu la vie comme certains de ses gars, lui n’avait pas laissé une famille brisée, mais il ne pouvait pas être reconnaissant pour cette chance. La seule chose qui comptait, c’était qu’il n’était pas autorisé à rejoindre son régiment, ses camarades, ses gars, qu’il devait rester là, dans une putain de chambre blanche, puis enfermé chez lui, pendant que d’autres faisaient son travail. C’était une idée insupportable. Et ce mot, « inapte » l’effrayait. Il savait ce que cela pouvait vouloir dire, il savait que c’était peut-être temporaire, mais que cela pourrait aussi être définitif, et l’idée d’être réformé le rendait malade.
— Reposez-vous, vous pourrez bientôt sortir.
Aaron jura tout bas alors que le médecin sortait de sa chambre en secouant la tête. Il avait bien envie de tout arracher et de repartir d’où il venait, mais il savait que c’était impossible. Même s’il le faisait, on le renverrait automatiquement. Tant qu’il était jugé inapte, il ne pouvait rien faire, rien d’autre que tourner en rond dans sa tête…
— J’ai entendu dire qu’un patient faisait des siennes.
Cette voix…
— Ziva !
— Salut, toi. Alors, on t’a refusé une permission et tu as choisi de te faire sauter ? Heureusement que tu t’es raté.
Eden avait un don, elle savait toujours comment le faire sourire. Douce, gentille, drôle, mais surtout tendre et patiente, elle n’avait finalement que très peu en commun avec le personnage de NCIS dont il lui donnait le nom.
— Qu’est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-il.
— Eh bien, certaines personnes travaillent.
— J’étais aussi en train de travailler.
— Je sais, dit-elle en souriant.
Elle vint s’asseoir sur le lit, juste à côté de lui, et le prit dans ses bras avant de déposer un baiser sur son front.
— Tu sens la poudre, le feu et les épices, j’aime beaucoup ton odeur. J’aime un peu moins le parfum charbon qui te tourne autour, tu ne veux pas cesser de broyer du noir ?
— Si on me laissait sortir, je pourrais me doucher et me parfumer, je n’aurais plus cette odeur.
— Ça n’y changerait rien, c’est ton âme qui a ce parfum.
Eden avait cette particularité, c’était un nez, elle sentait des choses que personne ne percevait et ça la rendait plus singulière qu’elle ne l’était déjà sans. Aaron adorait ça.
— Tu vas pouvoir sortir et on va rentrer ensemble.
— Tu viens chez moi ? Tu cèdes enfin à mes avances ? plaisanta-t-il.
— Non, c’est toi qui viens chez nous.
— Alexa est au courant ?
— Il vaut mieux, c’est elle qui prépare à manger, répondit-elle en riant. Vous pourrez parler un peu, comme ça.
— De quoi tu veux qu’on parle ?
— De ta blessure, de ce que tu vas faire après, d’où tu vas loger… il va falloir que tu te décides pour demander à ton commandement l’autorisation.
— Je compte loger chez moi, ça me semble évident.
— Et comment tu vas te préparer à manger ? Et faire tes affaires, te laver… tu n’as qu’un bras.
— Je suis très performant, même avec un seul bras, répondit Aaron, d’un ton plein de sous-entendus.
Cela fit rire Eden qui avait l’habitude. Elle secoua la tête et se releva avant de se diriger vers le côté de la chambre pour récupérer les affaires du jeune homme.
— Allez, on y va. Et sois gentil, ce n’est pas parce que tu es blessé que tu peux embêter Lexie.
— À quoi ça sert d’être handicapé, alors ?
***
— Tu n’as pas de raison d’angoisser, si tu te reposes comme il faut, tu seras guéri après tes six semaines et tu pourras reprendre du service, dit Alexa, portant ensuite une fourchette remplie à ses lèvres.
— Je n’angoisse pas, quoi qu’ils en disent, je compte bien reprendre.
— Ce n’est pas toi qui décides, arrête de faire l’idiot. Profite plutôt de ce mois et demi pour te reposer, ça ne te fera pas de mal.
— Je n’ai pas envie de me reposer, je vais finir par rouiller.
— S’il y a bien quelqu’un qui ne risque pas de rouiller, c’est toi, soupira Alexa.
Eden se leva et alla chercher le dessert. C’était un tiramisu et cela fit sourire Aaron qui avait l’habitude de lui en faire, car c’était un de ses mets sucrés préférés. Aucun doute qu’Alexa avait cuisiné pour sa petite amie et non pas lui.
— Tu vas loger où ? reprit sa demi-sœur.
— Chez moi.
— Je lui ai déjà dit que c’était impossible, mais il n’écoute rien, intervint Eden.
— Quoi, vous voulez que je reste ici ? demanda-t-il, un sourire malicieux sur le visage.
— Certainement pas !
— Lexie…
— Je ne dis pas ça parce que je ne veux pas de lui, je dis ça parce que je le connais, j’ai été en mission avec lui : il va être invivable. On va passer notre temps à s’engueuler et on va tous les trois être épuisés.
— Je ne suis pas d’accord pour le fait d’être invivable, mais pour le reste, elle a raison. On ne se supportera pas plus de deux jours. Je passerais ma vie avec toi, ma Ziva, mais je n’ai jamais compris comment tu pouvais supporter ma frangine.
Il ne qualifiait que très rarement Alexa ainsi. Pendant des années, ils s’étaient détestés, tous les deux marqués par un passé commun difficile et des personnalités diamétralement opposées, mais avec les années, de nombreuses années, et avec l’aide d’Eden, quelque chose avait fini par naître entre eux. Quand Alexa avait reconnu leur père, quand elle s’était enfin considérée comme étant sa fille, elle avait par la même occasion accepté qu’Aaron était son demi-frère. Ils n’étaient pas près de s’entendre vraiment – et la cohabitation était donc impossible –, mais ils avaient de l’affection l’un pour l’autre et c’était déjà un excellent début. Aucun des deux ne parlait de ses sentiments, ils ne se prenaient pas dans les bras, ils ne se disaient pas « je t’aime » et ils passaient toujours plus de temps à s’engueuler qu’à s’aimer – ça, c’était un peu la faute d’Aaron qui n’avait de cesse de la provoquer –, mais les choses étaient différentes entre eux. Il y avait quelque chose, un lien, des sentiments. Malgré tout, il y avait toujours un truc qui coinçait entre eux et qui rendait leurs échanges un peu tendus. Les années de haine et de rancœur ne s’effaçaient pas aussi facilement. C’était parfois comme s’ils se contentaient de faire semblant, comme le calme avant la tempête.
— Pourquoi tu ne vas pas chez Zackaria ? proposa Eden.
— Notre père ? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, répondit Alexa.
Notre père, les choses avaient vraiment changé. Aaron en était heureux et en même temps, cette idée de changement l’effrayait.
— Pourquoi pas ?
Alexa tourna la tête vers Aaron et il comprit immédiatement ce qu’elle avait en tête. Cela l’amusa.
— Elle pense que si je vais chez lui, on va s’entraîner l’un l’autre dans notre perversion. En d’autres termes, qu’on va ramener une femme différente chaque jour et peut-être la partager !
— Je n’aurais pas été jusque-là…
— Tu n’aurais pas osé le dire comme ça, mais c’est ce que tu penses.
Aaron n’était pas vexé, c’était son style de vie, sa façon d’aimer. Ce qu’Alexa ignorait, c’était que leur père avait beaucoup changé. Elle le voyait plus régulièrement, mais elle refusait de faire totalement tomber les murs entre eux et elle fuyait toujours le sujet des femmes et de l’amour, alors elle ne pouvait pas savoir. Ce n’était peut-être pas plus mal, il n’y avait pas que du bon chez Zackaria. Aaron le savait, il connaissait tous ses secrets, il avait même failli en utiliser un pour faire pression sur lui et apprendre des choses sur la mère d’Alexa quand elle en avait eu besoin. Finalement, cela n’avait pas été nécessaire et c’était une bonne chose, car cela n’aurait pas été agréable de revenir sur le passé de cet homme. Pour Alexa, il l’aurait fait, mais il se portait mieux de ne pas avoir eu à agir.
— Je n’irai pas chez lui, mais pas pour ces raisons-là. Tu as déjà vu sa maison ?
Alexa secoua la tête.
— C’est un vrai bordel, et je ne parle pas de femmes, là. Je ne comprends pas comment il peut vivre comme ça. Il est hors de question que je passe six semaines enfermé dans sa baraque.
— C’est vrai que tu es un peu maniaque. Tu verrais son appartement, dit Eden à sa compagne.
— Je préfère éviter. On ne sait jamais qui on va trouver dans son lit.
Sur ce point, Aaron pouvait difficilement la contredire. La pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre, il était bien le fils de son père. Pour autant, il n’en ressentait aucune gêne ni honte. Il n’avait jamais menti à une femme pour la mettre dans son lit, il n’avait promis de relation suivie à aucune ; s’il y avait bien une chose que l’on pouvait reconnaître à cet homme, c’était qu’il était honnête. Il aimait les femmes, et les femmes uniquement, mais il les aimait tellement, qu’il ne se voyait pas un jour se poser avec l’une d’entre elles et dire adieu aux autres. Il avait bien essayé, une en particulier lui avait donné envie de plus, mais il n’avait pas pu. En dépit de l’amour qu’il portait à Ambre – parce que c’était de l’amour, même s’ils ne se le disaient jamais, cela en était, sans quoi, jamais il n’aurait couché avec la petite amie de son meilleur ami – et malgré son envie de plus avec elle, il n’avait pas pu changer son style de vie, il n’avait pas voulu… Parce que modifier sa façon de vivre, cela voulait simplement dire changer, et rien ne le faisait plus flipper que l’idée du changement. Et puis, cela voulait aussi dire s’attacher un peu plus à elle et lui permettre d’en faire autant avec lui, et ça, il s’y refusait.
— Pourquoi tu n’irais pas à ta maison à la plage ? le tira Eden de ses pensées. Tu m’as dit que tu avais un truc vers Biscarrosse, non ?
— La maison est occupée…
Enfin, il l’imaginait. Il n’y avait plus remis les pieds depuis quelques années. La dernière fois qu’il avait vu Ambre, c’était entre ces murs… Les souvenirs lui revinrent et le frappèrent avec la violence d’une vague qui se brise sur les rochers ; sa douce peau couleur soleil, ses longs cheveux fous, son regard clair et perçant, ses doigts sur son corps et ses lèvres contre les siennes… Parfois, cela le hantait. Souvent, il essayait de tout oublier entre d’autres cuisses que les siennes.
— Tu l’as mise à louer ?
— Non, je l’ai prêtée.
— À qui ? demanda Alexa.
Aaron leva la tête vers sa demi-sœur. Il savait qu’Ambre était un sujet plus que sensible entre eux. Elle avait été la copine de Hyacinthe, leur meilleur ami, et ce qu’Aaron et elle avaient fait restait impardonnable aux yeux d’Alexa.
Ses yeux en dirent bien assez à l’ex-militaire qui se leva d’un coup en tapant du plat de la main sur la table.
— T’es pas sérieux ?! s’écria-t-elle.
Aaron soupira et se laissa retomber sur sa chaise, tentant vainement de croiser ses bras, mais étant incapable de le faire à cause de son plâtre.
— Quelqu’un m’explique ? Je sens comme une odeur de fureur et un parfum de culpabilité, ajouta Eden à l’attention d’Aaron.
— Je ne me sens pas coupable.
— Tu devrais !
— C’est du passé, putain ! Quand est-ce que tu vas tourner la page ?
— Ce n’est pas parce que Ham est assez idiot pour te pardonner que moi je vais le faire !
— Oh ! ça y est, je vois de qui on parle, les coupa Eden, un sourire sur les lèvres, comme si les deux n’étaient pas au beau milieu d’une énième dispute. C’est une bonne idée alors, tu devrais la rejoindre, elle pourra s’occuper de toi pendant ta convalescence.
— Eden !
— Quoi ?
Alexa soupira et se retourna. Elle n’était plus qu’une boule de nerfs, mais elle ne se fâchait presque jamais sur sa petite amie alors elle ne pouvait que prendre sur elle. Elle se mit à faire les cent pas dans la pièce.
— Lexie, tu me donnes le tournis.
— À moi aussi.
— Toi, ferme-la !
— Tu vois comment elle me parle, Ziva ? Tu vois ce que je subis alors que je souffre terriblement ? Moi qui suis si gentil.
Cela fit rire Eden qui tenta de cacher sa bouche derrière sa main pour ne pas énerver un peu plus Alexa. Aaron s’en tirait bien tout seul. Personne au monde ne pouvait la faire ainsi sortir de ses gonds.
Il lui fallut plusieurs minutes pour réussir à se calmer, mais elle y parvint et finit par se rasseoir.
— Est-ce que Ham sait que vous vous voyez toujours ?
— Je ne l’ai pas vue depuis presque trois ans.
— Qui ? demanda Eden.
— Ambre. J’ai vu Ham et Oscar à ma dernière permission.
Oscar, c’était le surnom qu’Aaron donnait à Elea, la femme de Hyacinthe. Ham, c’était le petit nom de son meilleur ami. Aaron était incapable d’appeler quiconque par son prénom. Il n’y avait sûrement qu’Alexa qui n’avait pas vraiment de surnom – même s’il aimait bien la rendre folle en l’appelant Lexa ou Lexie –, et c’était seulement parce qu’il n’aurait jamais pensé un jour pouvoir l’aimer. En dehors d’elle, il trouvait des noms à toutes les personnes qui lui étaient chères et ça avait commencé avec Ambre. Personne ne savait vraiment pourquoi, mais cela rendait les discussions avec lui très compliquées.
Alexa attrapa son téléphone portable et se mit à pianoter dessus, puis elle le porta à son oreille.
— Qu’est-ce qu’elle fait ? demanda Aaron à Eden.
La jeune femme haussa les épaules ; elle n’en savait rien.
— Salut, Elea, tu vas bien ?
— Je crois qu’elle appelle Hyacinthe.
Eden croyait bien, Aaron en était maintenant sûr, sa sœur appelait leur meilleur ami et il savait très bien pourquoi.
Il soupira.
— Tu peux mettre le haut-parleur, s’il te plaît ? Il faut que je parle à Hyacinthe. Je vous mets aussi sur haut-parleur.
Elle posa le téléphone sur la table et activa la fonction annoncée. La voix de Hyacinthe s’éleva de l’appareil :
— Hey, tout va bien ?
— Ça va, je suis avec Eden et Aaron.
— Salut, vous deux ! dirent les mariés en chœur.
Eden et Aaron leur répondirent aussi chaleureusement, d’un ton enjoué. Mais Alexa n’avait pas de temps à perdre en politesses inutiles, elle entra dans le vif du sujet :
— Tu sais qu’Aaron voit toujours Ambre ?
— Je t’ai dit que je ne l’avais pas vue depuis trois ans.
Elle ne l’écoutait pas, elle se moquait de ce qu’il avait à dire, ce qui l’importait, c’était la réponse de son meilleur ami.
— Ham ?
— Oui ?
— Ça ne te dérange pas ?
— De quoi ? Qu’ils se voient ?
— Qu’ils se voient, qu’ils couchent ensemble, qu’ils aient une relation…
— Pourquoi tu voudrais que ça me dérange ?
Le visage d’Aaron changea du tout au tout et sans prononcer un mot, il parvint à faire résonner un « Tu vois ? » dans toute la pièce. Avant qu’Alexa ne puisse dire quoi que ce soit, Eden prit la parole :
— Aaron va aller vivre un temps avec elle, à Biscarrosse. Elle loge dans sa maison et il doit se reposer pendant au moins six semaines, le temps que son bras se remette.
— Son bras ? résonna la voix inquiète d’Elea dans le combiné. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Rien de grave, Oscar, j’étais juste trop près d’une bombe, répondit Aaron avec désinvolture et humour.
Cela s’agita chez les deux amoureux. Les trois autres ne parvinrent pas à comprendre ce qu’ils se disaient, mais il était facile de deviner qu’Elea était dans tous ses états, et que Hyacinthe, habitué à la vie de militaire que menaient ou avaient mené ses meilleurs amis, essayait de la rassurer. Aaron détestait ça. Il ne supportait pas que les gens s’inquiètent pour lui parce que cela le forçait à s’imaginer comment ils vivraient le jour où on leur annoncerait sa mort sur le terrain. Tout cela lui glaçait le sang et lui donnait toujours envie de vomir.
— Hey, j’ai juste un bras touché. Ne t’inquiète pas, je suis toujours aussi beau, mon visage est intact.
Inutile de regarder Alexa pour savoir qu’elle secouait la tête et qu’elle affichait un air agacé. Il lui faisait toujours cet effet.
— Pourquoi tu ne viens pas te reposer à la maison ? proposa Elea.
— Parce que votre réseau est merdique.
— On a Internet, je te signale, et notre réseau est bien meilleur qu’avant, fit remarquer Hyacinthe.
— Mais vous êtes quand même perdus dans la forêt et je n’ai pas envie de lever des rochers pour trouver des femmes.
— C’est une excuse qui te ressemble plus, rit Hyacinthe, à l’autre bout du fil. Alors tu vas à Bisca ? Il fait beau, ça va te faire du bien.
— Franchement, Ham, tu l’envoies vers elle ? intervint Alexa.
— Je n’ai pas spécialement envie d’y aller, précisa Aaron.
— Pourquoi est-ce que vous vous prenez la tête comme ça, tous les deux ? Alexa, je me moque éperdument qu’il continue à voir Ambre. C’est du passé, j’ai tourné la page, j’ai même ouvert un autre livre depuis, et tu devrais en faire autant. Quant à toi, Aaron, arrête de jouer au héros, tu ne vas pas rester tout seul dans ton misérable appartement à Paris. Va à la plage et repose-toi vraiment.
Avant que les deux concernés ne puissent ouvrir la bouche, Eden prit le téléphone, elle retira le haut-parleur et porta le combiné à son oreille. Elle continua la discussion sans se soucier des deux regards choqués posés sur elle, et tout en souriant, puis riant parfois, elle embrassa ses deux amis et finit par raccrocher. Là, elle posa le téléphone et tapa dans ses mains, un sourire barrant toujours son visage.
— Bien, c’est une affaire qui roule ! Je vais m’occuper des papiers, transmettre ta demande à ton commandant de formation et transférer ton dossier médical à des collègues sur place. Toi, tu vas aller faire ta valise.
Il semblait clair qu’il n’avait pas son mot à dire, Eden était déterminée. Mais si elle voulait se prendre la tête avec la paperasse de l’armée et les documents médicaux, grand bien lui fasse, il n’était pas contre l’idée d’en être déchargé. Quant au fait de passer six semaines dans sa maison d’été, qu’est-ce qu’il risquait ? Au mieux, elle était vide et il la remplirait de gémissements variés, au pire, Ambre y était et il irait coucher ailleurs ou resterait partager ses draps.
— Et tu vas te reposer, ajouta son amie.
Se reposer… comme s’il le pouvait. S’il restait à ne rien faire, il allait devenir fou, il le savait. S’il ne voulait pas d’une petite vie rangée et calme, ce n’était pas uniquement parce qu’il aimait trop les femmes pour s’en défaire, c’était aussi parce qu’il savait ce qui l’attendait. Avec la solitude vient le silence, et avec lui, les pensées noires.
Comme chaque année, je profite de cet article anniversaire pour partager à nouveau le petit montage aesthetic que j’avais fait pour le livre concerné. Celui-ci représente évidemment Alexa et Eden ♡
Enfin, je vous propose une petite pause musique en écoutant la chanson sur laquelle j’ai écrit l’intégralité de ce roman (oui, oui, je l’ai écoutée en boucle pendant un mois ha ha), il s’agit de ‘Combustible’ de Coeur de pirate :
↢ ↢ ↢ ● ↣ ↣ ↣ ● ↢ ↢ ↢ ● ↣ ↣ ↣
Le troisième tome de cette saga sortira très bientôt et vous aurez donc l’occasion de retrouver les héroïnes de ce livre-ci. J’espère qu’il vous plaira, mais en attendant, je souhaite encore un bon anniversaire à ce deuxième opus ♡